Comment développer la motivation scolaire ? Quels sont les facteurs qui l'influencent ? Quelles sont les conditions à respecter pour qu'une activité pédagogique motive les élèves ? Nous exposerons ici la conception de Rolland Viau de la dynamique motivationnelle en contexte scolaire.
Selon Rolland Viau, la motivation scolaire est d'abord à définir comme « un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son environnement » (R. Viau, La motivation en contexte scolaire, 1994). La perception de la valeur de l’activité pour l’élève ainsi que la perception de sa compétence et de la contrôlabilité de la tâche vont, selon lui, fortement influer sur sa motivation et donc son engagement ou non dans l’activité pédagogique.
« La perception de la valeur d’une activité se définit comme le jugement qu’un élève porte sur l’intérêt et l’utilité de cette dernière et ce, en fonction des buts qu’il poursuit » (R. Viau, 1994).
Les élèves ne prêteront pas le même intérêt et la même utilité à une activité selon leurs objectifs, leurs buts scolaires, à la fois composés de buts d'apprentissage (acquisition de savoirs) et de buts de performance (se prouver ses capacités, ses compétences). Les différentes stratégies d'apprentissage seront d'autant plus pertinentes qu'elles reconnaitront ces enjeux motivationnels. Mais quels sont les facteurs extrinsèques aux élèves qui déterminent leur motivation en contexte scolaire ?
Facteurs relatifs à la société, à l'école et à la famille
La valeur accordée à l’éducation, à la compétitivité (à telle époque, sur tel continent), la perspective de trouver de l’emploi sont autant de facteurs qui peuvent impacter sur la motivation. Le contexte familial, la personnalité de l'élève, son quotidien, les attentes de ses parents, l’accompagnement scolaire (tutorat, aide familiale…) dont il peut bénéficier ou non, vont également influencer sa motivation.
L’atmosphère liée à la réputation d’un établissement scolaire peut aussi jouer un rôle déterminant sur la façon dont l’élève perçoit les apprentissages, et donc sur sa motivation. Certains établissements sont prestigieux, d’autres moins bien réputés, certains misent sur l’excellence, d’autres promeuvent des pédagogies alternatives. Les normes transmises par les établissements contribuent à façonner plus ou moins positivement les représentations des élèves sur l'intérêt des apprentissages scolaires.
Facteurs relatifs à la classe et à l'enseignant
La dynamique motivationnelle de l'élève est ici davantage associée aux activités pédagogiques (diversité, défi qu’elles représentent) mais aussi au style de l'enseignant (personnalité, éloquence, mode relationnel, positivité) au climat de la classe (la relation entre les élèves), au mode d’évaluation (plus ou moins compétitif ou collaboratif) et au système de sanctions/récompenses mis en place (notes, privilèges, valorisation/dénigrement, etc.) par l'enseignant dans sa classe.
Rolland Viau différencie en ce sens clairement les facteurs externes et les facteurs internes à la classe dans la dynamique motivationnelle de l'élève. Lorsque celui-ci sait pourquoi une activité est importante et utile pour lui, qu'il se sent capable de la réaliser avec une certaine maitrise et autonomie, en devenant acteur de son apprentissage, il se sent d'autant plus motivé. Ce ressenti est loin d'être naturel, spontané, il est le résultat d'une construction, d'un processus social dont la complexité échappe souvent à l'élève et à ses enseignants. Comment renforcer cette dynamique motivationnelle ?
Selon Rolland Viau, les activités pédagogiques doivent respecter plusieurs conditions pour être motivantes. Dans cette perspective, il est judicieux, en classe, de donner des consignes claires et des objectifs précis, relatifs à l’activité pédagogique (donner des repères, poser un cadre, l'élève doit savoir ce que l'on attend de lui), de contextualiser l’activité en démontrant son intérêt concret (faire un lien avec le quotidien, illustrer), de varier les supports et les méthodes d’enseignement, de faire des associations entre les différentes activités pédagogiques (interdisciplinarité), de proposer une activité qui représente un défi cognitif pour l’élève (ni trop simple, ni trop difficile), d’enjoindre les élèves à collaborer ensemble (en aménageant l’espace par exemple), et de leur laisser des choix (par exemple, sur le thème du travail, l’échéancier, le mode de présentation des travaux, la composition du groupe de travail, etc.), et, in fine, de conclure l’activité en soulignant l’essentiel à retenir.
Conclusion : On l'a compris, la dynamique motivationnelle ne dépend pas uniquement de l’élève, et il est donc nécessaire d’envisager la notion de motivation comme un système (société, établissement, classe) pour identifier chez un élève ce qui est source de motivation ou d’un manque de motivation.